Le photographe professionnel Chris Corradino, nous explique les différences entre de simples photos et les oeuvres photographiques.
Plusieurs photographes professionnels optent pour la réalisation de photos de magazines. Ce que j’entends par « photos de magines », ce sont des images souvent très jolies, très bien post-traitées, aux couleurs éclatantes, mais sans aucune dimension artistique.
Des photos « fast-food »
Ce sont des photos « fast-food »; vous les regardez, elles vous épatent, puis vous les oubliez. Ce sont ces photos que nous voyons dans les magazines sur les voyages, de sports, ou d’équipement récréatif. Elles sont également souvent utilisées pour illustrer des publicités. Bien que pour la plupart, ces photos sont souvent excellentes, elles n’offrent aucune regard original, et ne poussent pas le spectateur à se questionner ou à chercher un second degré dans leur représentation du réel. L’expression « fast-food » pourrait en choquer plusieurs, car de nombreuses photos que l’on retrouve dans ces magazines sont très bien réalisées. Vous l’aurez compris, c’est à dessein que je l’utilise.
Ces images « fast-food », sont malheureusement très répandues car elles frappent l’oeil. Les photographes qui les réalisent sont très habiles et savent quel angle choisir pour obtenir le plus d’impact visuel. Toutefois, leurs possibilités narratives sont très limitées.
Les oeuvres photographiques
Puis, vous avez les oeuvres photographiques, ou ce que certains appellent « conceptuelles », qui sont des réalisations d’artistes de l’image. L’esthétique, les choix de composition, de cadrage et d’éclairage participent à l’élaboration de ce qu’ils veulent raconter et sont des moyens de mise en scène d’un « message visuel ». Ces photos sont de véritables créations et non de simples reproductions du réel. Elles participent à l’élargissement de notre imaginaire en l’abreuvant d’images chocs, qui peuvent être interprétées de différentes façons, selon la culture et l’état d’âme de ceux qui les regardent.
Thomas Brown est l’un de ces photographes conceptuels qui se spécialise dans la nature morte et les paysages. Il cherche à donner une dimension imprévisible, déconcertante, qui se superposera à celle du sujet photographié. En cherchant à sortir de la banale représentation factuelle, il s’ouvre à un infini de possibilités qui permettent à ses oeuvres de brusquer l’imaginaire. Ses images nous questionnent, nous forcent à rechercher un sens, une logique. C’est là tout le talent de ces artistes de l’image. En cherchant à bousculer les règles, ils actionnent en nous le désir de traduire une perception en un message qui sera pour nous cohérent.
Ce type de photos n’est pas apprécié de tous. Mais elles sont selon moi de magnifiques ambassadrices de la créativité dont peut faire preuve un photographe. Chercher à créer des oeuvres visuellement attractives et originales, est une voie que peu de photographes empruntent malheureusement.
Au sujet de l’auteur
Chris Corradino est un photographe professionnel et Mentor à la New York Institute of Photography. Son travail a été publié sur la scène internationale, notamment dans USA Today, the Wall Street Journal, New York Newsday et National Geographic. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter son site internet.
crédit photo : Nicolas Bruno, Jenna M.
2 Responses
Dans la photographie tous les gouts sont dans la nature.Les photos dites fast food ne sont sans doute pas si facile à faire car elles doivent attirer l’attention à coup sur et doivent plaire au plus grand nombre. N’est pas ce que beaucoup de photographes recherchent souvent sans l’obtenir ?
Personnellement la photo d’un homme les yeux bandés, assis dans un abreuvoir tenant un parapluie ouvert ne brusque ni mon imaginaire ni une envie de réfléchir pendant des heures sur ce que l’auteur a bien voulu transmettre dans celle ci.Il est dans son monde qui n’est pas le mien car son image ne n’apporte aucune émotion.
J’ai tendence a penser que certains photographes sont un peu perchés trop haut pour atteindre la grande majorité de leurs concitoyens.
Oui, vous avez un peu raison. Mais il faut reconnaître qu’il faut avoir beaucoup d’imagination.