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La photographie japonaise : Lorsque l’Orient inspire l’Occident

Table des matières

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Le Japon fascine l’Occident, que ce soit par sa cuisine, son thé, ses bandes dessinées, ses samouraïs, ses kimonos. Des artistes occidentaux ont d’ailleurs été grandement influencés par l’art japonais. Ce pays est également reconnu pour ses entreprises de technologies de pointe, c’est la raison pour laquelle la vie quotidienne nipponne est infiltrée de technologies qui bien souvent surprennent les étrangers. Ceci explique aussi pourquoi en photographie, les marques dominantes sont toutes japonaises.

Cette culture fascinante a influencé notre façon de faire de la photo. Voici quelques exemples afin de démontrer qu’il existe bel et bien un « style japonais » en photographie, et que celui-ci n’est pas étranger à certains rendus et effets créatifs que l’on peut voir sur un grand nombre de photos échangées sur internet.

La composition

Une des caractéristiques du style japonais se manifeste au niveau de la composition. Celle-ci est dominée par des arrière-plans minimalistes et une faible profondeur de champ. Certains diront que les photographes adoptant ce style, produisent des oeuvres minimalistes. C’est en partie vrai, toutefois le sujet doit être mis en évidence par une très faible profondeur de champ si l’on veut réellement parler d’un style japonais.

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Cela n’a rien de nouveau diront certains; une PDC réduite est utilisée depuis fort longtemps et les japonais n’ont rien inventé. Toutefois on peut remarquer que cette tendance s’est accrue depuis quelques années. Les grands maîtres américains en photo, tels que Edward Weston ou Ansel Easton Adams, n’utilisaient que très rarement cette approche. En fait, la profondeur et la netteté sont la marque de fabrique des photographies d’Adams.

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Si l’on étudie bien ses photos, on devine qu’il utilisait l’hyperfocale, afin d’obtenir une profondeur de champ maximum. Il l’a d’ailleurs déjà admit lors d’une interview. Ses quelques rares proxyphotographies, présentent la même netteté. Adams avait un style très différent de celui de la photographie japonaise. Ce n’est depuis que quelques décennies que nous voyons des photographes professionnels utiliser une très faible profondeur de champ pour créer une ambiance particulière.

La lumière

Une autre caractéristique du style japonais est l’utilisation de la lumière. Plusieurs photographes ont adopté ce style sans s’en rendre compte. Les images légèrement surexposées, délavées ou photographiées face au soleil en noyant le sujet dans une douce lumière, nous vient directement du style japonais. Si vous cherchez bien sur Flickr mais surtout sur Instagram, vous verrez que cette tendance est très répandue et adoptées par plusieurs amateurs et même par de grands photographes.

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Ici aussi, certains diront que cela n’a rien de nouveau, mais si vous cherchez bien les origines de cette façon d’utiliser la lumière, vous découvrirez qu’elle ne vient pas des photographes Occidentaux. Par exemple, l’éclairage fresnel style Harcourt, permet d’obtenir des contrastes forts. Ce style d’image s’est particulièrement développé pour les portraits des stars dans les années 1930. Le caractère très particulier de ces images s’est imposé comme un style à part. Il est encore utilisé de nos jours par un grand nombre de portraitistes.

Le « rendu nippon » est tout le contraire du style Harcourt; la douceur, les couleurs et l’aspect diffus enveloppant, produit des images d’une beauté que l’on retrouve dans l’art traditionnel japonais. De plus, une dominante bleue/verte est souvent présente dans ces photos. Ce qui est tout le contraire du « style occidental » qui privilégie plutôt les couleurs chaudes.

Les sujets

Le style nippon se caractérise aussi par le choix des sujets qui sont très souvent des objets de la vie de tous les jours, tels que des tasses à thé, des animaux domestiques, des assiettes, ou des parties d’un objet photographié en gros plan. Tout ceci est fait avec délicatesse et nuance, et comme je l’ai précédemment mentionné, toujours avec une très faible profondeur de champ. Le style japonais est pour plusieurs photographes qui le découvrent, une aventure dans un espace à la fois rempli de subtilités et de raffinement esthétiques.

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La photo ci-dessus est un autre très bon exemple du style japonais; les dominantes bleues/vertes sont là et l’image est légèrement surexposée.

Comment recréer le style japonais

Pour ceux qui sont intéressés à créer des oeuvres avec le « rendu nippon », vous devez :

1. Réduire la profondeur de champ au minimum
2. Réduire la saturation
3. Ajouter un peu de vignetage
4. Ajouter une dominante bleu/verte
5. Supprimer totalement le bruit
6. Surexposer votre image

Vous obtiendrez ceci :

Conclusion

La définition et les exemples présentés dans cet article sont un peu réducteurs. En effet, ce serait ridicule de croire que tous les photographes Japonais adoptent ce style. En fait, quand on veut décrire un style en photographie, il faut parfois avoir recours à une définition quelque peu stéréotypée afin de mettre en évidence ce qui le distingue des autres.

Si nous prenons par exemple KUNIE SUGIURA, depuis son arrivée aux États-Unis du Japon en 1963, elle a créé des œuvres photographiques novatrices en explorant sa relation avec le dessin et la peinture. Ses photos ne correspondent pas à celles présentées ici, toutefois on retrouve dans ses oeuvres la « touche » orientales qui rappelle les estampes japonaises.

Ce qu’il faut retenir de tout cela en terminant, c’est que le style photographique nippon, a jouée un rôle en Occident en influençant en partie son évolution, comme ce fut le cas avec bien d’autres styles dans l’Histoire de la photographie. Le style japonais n’a rien de révolutionnaire, c’est simplement une approche différente qui nous permet d’enrichir notre culture personnelle, et indirectement, nos oeuvres photographiques.

crédits photo :Daniel Zedda, Luis Hermandez, Matoki

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Damien BERNAL

Je m’appelle Damien BERNAL et j’ai créé ce blog pour partager ma passion avec vous.  Sony avec sa gamme Alpha a créé un univers très riche et nous allons l’explorer ensemble. Les articles sont la pour répondre à vos questions.

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2 Responses

  1. Il aurait été intéressant de se pencher bien plus sur l’estampe.

    Une très connu, et dont on parle beaucoup en ce moment suite à la sortie d’un bouquin sur l’artiste :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Estampe#/media/File:The_Great_Wave_off_Kanagawa.jpg

    Cet art japonais a beaucoup influencé la photographie occidentale après le milieu du XIXè qui voit l’ouverture du Japon au monde, et donc son influence grandissante :
    « L’arrivée de l’amiral américain Perry en 1853 dans la baie d’Edo signe définitivement la fin de la politique d’isolation avec l’Occident. » (Wikipedia)

    Le style japonais que vous décrivez est beaucoup plus récent et me semble être plus une reconstruction à posteriori (et quelque peu caricaturale comme vous le dites) qu’une véritable affiliation.

    L’estampe japonaise est influencée par son medium. C’est de la gravure sur bois puis de l’impression après encrage, avec possiblement plusieurs couleurs (donc autant de gravure). C’est un travail qui demande beaucoup de patience et qui permet une diffusion large (mais le bois s’abîme donc le nombre d’impressions n’est pas infini).

    1/ Un style minimaliste, et pour bien comprendre le choc que ça représente, il ne faut pas oublier qu’à l’époque on sort tout juste de ça : https://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_fran%C3%A7aise_du_XIXe_si%C3%A8cle C’est très pompeux (sur la première moitié du siècle), la composition est complexe et grandiose (à commencer par le fait des dimensions des tableaux). Le minimalisme ne veut pas dire nécessairement une faible PdC (je dirai même que c’est le contraire, car c’est un artifice technique, une facilité même, qui nuit souvent à l’image si la PdC et son usage artistique n’est pas excellemment maîtrisée). Il s’agit plutôt d’aplats de couleur, d’une composition bien lisible, etc.

    2/ Des sujets plus vernaculaires (cf. les images érotiques de Kanagawa). Il y a des règles artistiques différentes de l’Occident, insistant plus sur l’harmonie, l’éphémère et la fragilité, la nature (qui aura mis longtemps à s’imposer en occident, même si au XIX elle est respectée).

    Pour la peinture :

    http://givernews.com/?2006/10/29/203-van-gogh-et-les-estampes-japonaises
    http://www.intermonet.com/japan/estampe.htm

    Pour la photographie, je n’ai pas trouvé de références, mais je sais que cela aura influencé directement, ou indirectement par le biais de la peinture, des artistes du début du siècle.