Quand il est question des OVF et EVF, les gens sont divisés; il y a ceux qui aiment le viseur optique, ceux qui aiment le viseur électronique et ceux qui haïssent le point de vue de l’autre. Depuis que Fujifilm a commencé à offrir un viseur hybride avec la série des X100 et X-Pro, il est possible d’avoir le meilleur des deux mondes et décider lequel nous préférons. Personnellement, sur mon Fuji X-Pro1, j’utilise les deux, mais surtout l’OVF.
L’EVF est une représentation altérée
Quand nous regardons un EVF, nous regardons la représentation d’un sujet sur un écran, quand nous utilisons l’OVF nous regardons la réalité encadrée. Fondamentalement les gens qui aiment prévisualiser et créer l’image dans leur esprit avant de prendre l’image préfèrent l’OVF, les gens qui aiment voir le monde tel que l’appareil l’interprète préfère l’EVF. Le processus mental est pourtant très différent. Les photographes expérimentés qui ont appris à photographier avec un film argentique ne sont pas très influencés dans leur travail par leur appareil, parce qu’ils ont été formés avant l’existence des écrans, mais les jeunes photographes basent leur travail sur ce que l’appareil photo leur offre.
L’EVF montre l’image avec la gamme dynamique, l’équilibre des couleurs et le contraste, et nous donne une scène « filtrée »; la photo est déjà faite, nous n’avons qu’à appuyer sur le déclencheur. Pour les anciens photographes, regarder la réalité et avoir des sentiments et des émotions créées par le moment réel à plus d’importance, car l’art de la photographie n’est pas seulement une question de composition, mais aussi d’interprétation de la réalité afin que nous puissions communiquer nos sentiments venant d’une scène. En regardant un écran ou un EVF nous nous limitons à des caractéristiques spécifiques qui ne parviennent pas à nous influencer.
Il y a quelque temps, je regardais un coucher du soleil depuis une jetée, je me suis éloigné de quelques pas et observé toutes les personnes, particulièrement les jeunes, regardant le coucher du soleil dans leur smartphone, prêts à cliquer. Ils ont oublié la réalité, ce qu’ils regardaient était un cadre limité de la réalité interprété par leur téléphone.
Cette limite de l’affichage EVF leur a fait oublier la réalité. Ceci est très évident lors du tirage parce que l’image n’a pas été prise en pensant au résultat final. Vous voyez les images en petite taille sur les médias sociaux et elles sont très bonnes, quand elles sont imprimées, elles deviennent laides et ennuyeuses, avec beaucoup de défauts. Pourquoi? Parce que les limites de l’affichage ont été transférées sur l’image finale.
L’OVF est la réalité non altérée
Personnellement j’utilise l’OVF pour encadrer l’image que j’avais déjà conçue dans mon esprit, mais je fais cela après avoir regardé la réalité. J’utilise l’EVF seulement pour vérifier certains paramètres, comme l’histogramme ou la composition précise dans le cas où le problème de parallaxe nuit à la création de mes images. Ce choix vient de la façon dont j’ai appris à photographier avec les films argentiques, et mes appareils préférés de cette époque révolue étaient notamment le Linhof Master Technika et le Hasselblad SWC. Ces deux appareils avaient un viseur externe que j’utilisais pour encadrer mes sujets. Il n’y avait aucun moyen de voir l’image finale jusqu’à ce que le film soit développé et imprimé.
Les gens passent en moyenne 4 heures par jour sur internet en regardant l’écran de leur ordinateur ou celui de leur smartphone. Le même phénomène se produit pour les photographes; ils passent maintenant beaucoup de temps à regarder un écran pour post-traiter leurs images. Nous nous avons adaptés à un affichage et à une réalité virtuelle. Après vous avoir expliqué tout cela, je suggère aux nouveaux photographes d’utiliser parfois l’OVF, de recouvrir l’écran et de prendre des photos à l’ancienne. Vous allez découvrir le monde réel.
Oui bien sûr l’EVF sera toujours perçu comme étant un atout réservé aux appareils sans miroir, mais l’utilisation d’un OVF fera de vous de meilleurs photographes parce que vous aurez modifié votre processus mental. L’image que vous aurez créée sera le résultat d’un processus créatif non altéré par une machine. Vous aurez des photos qui seront le résultat de votre créativité venant de la réalité.
Au sujet de l’auteur
Photographe, artiste et auteur italien, Luigi Barbano partage sa vie entre l’Italie et les États-Unis. Il a débuté sa carrière professionnelle en photographie commerciale et de voyage. Auteur de livres photographiques et techniques, en italien et en anglais, vous pouvez suivre son travail via son site Web, sa page Facebook et LinkedIn.
crédit photo : Luigi Barbano
2 Responses
C’est une question de point de vue, j’ai depuis 2 ans un A7 (avant Nikon D700) et je passe beaucoup moins de temps à faire mes photos, parce que je ne passe plus mon temps à vérifier mes photos sur l’écran arrière pour vérifier si la surexposition ou sou-exposition que je voulais appliquer à ma photo est la bonne.
Je fais de bien plus belle photo depuis (à mon goûts). Pour info, je n’utilise que des objectifs manuels (sur le nikon ils étaient automatique) et je viens moi aussi de l’argentique.
Et quand je veux faire de la photo noir et blanc, je peux la composer et la visualiser en temps réelle dans mon viseur ( impossible avec un OVF).
Je suis du même avis que vous, mais c’est l’opinion d’un photographe parmi tant d’autres.