Reuters a mis en place une nouvelle politique dans le monde entier pour les photographes indépendants.
Cette nouvelle politique interdit les photos qui proviennent de fichiers RAW transformés. Les photographes doivent envoyer les photos qui ont été initialement enregistrés au format JPEG.
L’annonce a été faite aux photographes cette semaine via cet e-mail d’un éditeur d’images de Reuters :
Je voudrais faire passer le message aux contributeurs indépendants concernant le changement d’une de nos politiques. À l’avenir, s’il vous plaît n’envoyer pas des photos à Reuters qui ont été transformés depuis des RAW. Si vous souhaitez photographier au format raw c’est très bien, il suffit de prendre des fichiers JPEG en même temps. Envoyez-nous les photos qui étaient à l’origine des fichiers JPEG, avec un traitement minimal.
Un porte-parole de Reuters a confirmé ce changement de politique avec le site PetaPixel, et dit que cette décision a été prise afin de satisfaire leur code d’éthique et garantir la vitesse de transfert de l’information.
Ce n’est pas la première fois qu’une agence de presse remet en cause la véracité des faits transmise via les photos prises par des photojournalistes. Plusieurs se questionnent sur l’éthique de ces journalistes.
Dans la revue universitaire Protée publiée en 2009, un article intitulé « L’Enfer de James Nachtwey : protocole pour une photographie compassionnelle », disait déjà que le photojournaliste est un personnage dépourvu d’éthique. L’une des raisons habituellement invoquées pour justifier cette opinion tient à la diffusion non autorisée d’images d’accidents de voiture, d’incendies et autres désastres.
La production et la publication d’images inconvenantes au regard des personnes directement affectées par le drame sont jugées contraire à l’éthique. Mais la raison économique l’emporte sous la pression d’un vaste marché qui ne cesse de réclamer semblables images.
Le caractère public des informations entre en conflit avec la dimension privée de la peine éprouvée par les proches et les victimes d’une tragédie. Si le drame est ressenti comme une affaire privée, sa gravité, elle, justifie son passage dans la sphère publique.
Il semble que Reuters a constaté que les photos RAW traitées sont plus susceptibles de déformer la vérité, et ralentissent la transmission de l’information.
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