Le photographe Andrew S. Gibson nous explique comment une théorie qui définit les principes de la perception, appelée théorie gestaltiste, peut vous aider à faire de meilleures photos.
La théorie Gestalt, d’origine allemande, se base sur le postulat suivant : devant la complexité de notre environnement, le cerveau va chercher à mettre en forme, à donner une structure signifiante à ce qu’il perçoit, afin de le simplifier et de l’organiser. Pour cela, il structure les informations de telle façon que ce qui possède une signification pour nous, se détache du fond pour adhérer à une structure globale. Cette théorie de la gestalt se décompose en plusieurs lois. Il y a six lois principales, qui peuvent être décomposées en plusieurs parties.
Une fois que vous comprenez les principes de base de cette théorie, vous pouvez les utiliser pour améliorer la composition de vos photos. Explication.
1. La loi de la proximité
Une paire ou un groupe d’objets qui sont proches les uns des autres sont plus susceptibles d’être perçus comme appartenant à un ensemble que s’ils sont éloignés.
Dans ce portrait, la proximité de la jeune fille et du cheval suggère une relation étroite entre eux. Si vous voulez faire passer le message dans votre photo qu’il y a un lien qui unit deux personnes, les éloigner l’une de l’autre aura beaucoup moins d’impact, que si elles sont rapprochées.
2. La loi de la similarité
Les objets qui sont semblables dans leur forme, leur taille ou leur couleur, sont considérés comme appartenant à un ensemble.
Dans cette photo de paysage, les trois rochers sont liés par leur proximité, par leur similitude au niveau de la texture, par leur couleur et par leur forme. Le cerveau cherchera à créer un ensemble cohérent, renforçant ainsi votre image.
3. La loi de la clôture
L’esprit complète des formes qui n’existent pas. Ce principe est utilisé dans certaines illusions optiques, mais il peut s’appliquer également à la photographie. Pour que cette loi fonctionne, vous devez apprendre à reconnaître les formes. Une forme fermée est plus facilement identifiée comme une figure qu’une forme ouverte.
Par exemple, jetez un oeil sur le paysage ci-dessus. Les jacinthes forment un bloc solide de couleur dans les deux tiers inférieurs de la photo. La ligne qui sépare les fleurs des arbres, est interrompue par les troncs qui passent à travers elle, mais nous percevons toujours qu’il y a une ligne droite continue. L’esprit remplit automatiquement ces espaces manquants.
4. La loi de la simplicité
L’esprit perçoit des lignes parallèles qui se rejoignent comme étant une seule ligne. La photo de paysage ci-dessous contient plusieurs lignes, menant vers un point de fuite à l’horizon. Les lignes formées par les câbles qui pendent du poteau télégraphique, sont simplifiées par l’esprit qui les considère comme une seule ligne.
Il en est de même avec la clôture. Cet ensemble de lignes verticales est simplifiées en une longue ligne diagonale qui suit le côté de la route.
5. La loi de la poursuite
L’esprit suppose que les lignes dépassent des bords d’un cadre. Dans la photo de paysage ci-dessus, ce principe contribue à créer une impression de profondeur (avec l’utilisation d’un objectif grand-angle). L’esprit croit que la route continue au-delà du point de fuite.
6. La loi de la séparation
Pour qu’une forme humaine (une personne) soit reconnaissable, elle doit se démarquer de l’arrière-plan. De cette façon, nous pouvons l’identifier facilement, même si elle est petite dans la photo. Cette loi est très utile car elle permet d’inclure des personnages dans un paysage afin de pouvoir en évaluer sa grandeur. Toutefois, il est important que ce personnage ne se fonde pas dans le fond, sinon celle loi ne fonctionnera pas.
Dans ce paysage, l’homme qui marche au loin est une silhouette sombre sur un fond clair, il est donc facile à voir. Il nous permet de donner aux spectateurs une idée de l’immensité de cette scène.
7. La loi de l’émergence
Le spectateur peut ne pas remarquer quelque chose dans une photo quand il la regarde rapidement, mais elle devient évidente après l’avoir étudié. Cette notion est importante car c’est un moyen de rendre vos photos plus intéressantes, en présentant aux spectateurs quelque chose qui n’est pas évident au premier abord, mais qui se révèle après un examen attentif de l’image.
Par exemple, combien de temps vous a-t-il fallu pour voir le chat dans cette photo ? Cette technique permet de « forcer » le spectateur à être plus attentif afin de découvrir et de mieux apprécier votre photo.
Au sujet de l’auteur
Andrew S. Gibson est un écrivain et photographe vivant en Nouvelle-Zélande. Il est l’auteur de plus de vingt ebooks sur la photographie. Vous pouvez le suivre en visitant sa page Facebook,
2 Responses
Wow c’est tellement impressionnant et impactant visuellement …..
Merci pour cet article.
La règle des impaires ( l’œil humain serait plus sensible à apprécier les objets en nombre impaire ) ne rejoint pas ceux citer en haut ?
Pas selon les lois de la gestalt citées par l’auteur.