Le métier de photojournaliste peut s’avérer être une expérience des plus enrichissantes, car il nous confronte à la réalité du monde dans lequel nous vivons. Jason Geil, dont les photos ont été publiées dans plusieurs grands quotidiens sur la planète, nous donne quelques conseils sur la façon de se lancer dans le photojournalisme professionnel.
Comme dans tout autre travail, s’établir en tant que photojournaliste professionnel prend du temps et exige des efforts. Les éditeurs sont souvent surchargés de travail et leur choix d’embaucher un photographe plutôt qu’un autre, implique inévitablement un certain degré de subjectivité. En d’autres termes, même si vous pensez fortement que vous êtes un excellent photojournaliste, vous pourriez ne pas être remarqué. Voici quelques pistes qui vous aideront à vous faire connaître et reconnaître.
1. Le talent mieux qu’un diplôme
Obtenir un diplôme dans ce domaine est la façon la plus commune de percer. Cependant, contrairement à de nombreuses carrières, la photographie ne requiert pas nécessairement d’avoir un diplôme pour réussir. C’est souvent une question de talent. Certaines personnes arrivent à voir ce que d’autres ne voient pas. Les mauvais photographes produiront des images sensationnalistes, alors que les bons photographes capteront une émotion.
Ce sont vos photos qui parleront pour vous. Si vous ne possédez pas de diplôme, un solide portfolio constitué d’images fortes, sera votre porte d’entrée dans ce monde.
2. Privilégiez les personnes plutôt que l’évènement
Le photojournalisme est une façon de documenter visuellement de ce qui se passe autour de nous. Rien ne montre avec plus de précision des évènements vécues par des gens, qu’une photo. De graves inondations se sont produites dans Midwest au États-Unis l’automne dernier. Des centaines de photos ont été soumises à des journaux. Très peu ont été retenues. Pourquoi ? Ce qui distingue les bonnes photos des photos ordinaires, ce sont les personnes et leurs interactions avec l’évènement.
La photo d’une personne saisissant fébrilement ses effets personnels, ou brandissant un drapeau, aura plus d’impact que simplement montrer une rue pleine d’eau, ou une foule anonyme qui déambule au loin. Sachez documenter la vie des personnes touchées par un événement, montrez l’expression de leurs visages; vous serez alors en avance sur la plupart des autres photographes amateurs.
3. Impliquez-vous
Lorsque vous partez à la chasse d’une bonne histoire, sortez de votre automobile, rencontrez les gens , parlez-leur, posez des questions. En résumé; soyez au coeur de l’action.
Vous serez surpris de découvrir ce que les gens vivent et ont a dire. Un photojournaliste doit aller à la recherche des évènements et non seulement en être un simple spectateur. Sinon vous obtiendrez des photos « ordinaires », qui n’intéresseront aucun journal.
4. Créez un site Web
Diffuser quelques photos montrant votre travail, permet de vous faire connaître et de créer des liens avec d’éventuels employeurs. Par exemple, envoyer l’adresse de votre site à des éditeurs de journaux dans votre région, en leur disant que vous êtes prêt à collaborer avec eux. En tant que photojournaliste indépendant, vous devez impérativement vous faire remarquer.
Si vous n’avez pas assez d’argent pour créer votre propre site internet, regardez du côté des services en ligne gratuits. Vous devez montrer à vos employeurs éventuels que vous savez manier internet et les réseaux sociaux, cela fera de vous un candidat potentiellement plus intéressant pour eux. Internet est devenu un incontournable. Savoir l’utiliser est essentiel. Tous les photojournalistes professionnels, transportent avec eux des appareils leur permettant d’être connectés en permanence avec internet. Faites la même chose; construisez-vous un bureau de travail mobile; il vous permettra d’être relié aux sources d’informations, et de communiquer avec vos employeurs.
5. Lancez un Blog
Un blog peut être un excellent moyen de vous mettre en valeur. Essayez de poster une photo sur votre blog au moins une fois par semaine pour démontrer que vous faites des efforts pour suivre l’actualité. Après quelques mois, vous serez en mesure d’améliorer vos points faibles, mais surtout de constater le niveau d’intérêt que suscite votre site.
6. Soyez présent
C’est difficile de comprendre pourquoi certains photographes gèrent leur travail comme s’il s’agissait d’une oeuvre d’art inestimable que tout le monde essaie de voler. Tout d’abord, il ne l’est pas. Et en second lieu, il est difficile de se faire remarquer dans le domaine du journalisme si vous cachez votre travail.
Alors montrez-le afin qu’il puisse être publié. Internet rend cette tâche facile. Trouver les noms des rédacteurs photo de journaux locaux, et dites-leur : « J’ai photographié un évènement aujourd’hui, je pense que cela pourrait vous intéresser.” . Si vos photos sont assez bonnes, les éditeurs vous remarqueront.
7. Soyez persévérant
Si un éditeur ne répond pas, cela ne signifie pas que vous ne l’avez pas impressionné. Une qualité importante que l’on retrouve chez tous les grands photojournalistes que je connais est la persévérance.
Les éditeurs sont des gens occupés. Si vous échangez des mails avec eux (pas trop souvent, bien sûr, mais au moins une fois par mois), ils finiront par savoir que vous exister, que vous êtes passionné par votre travail. Persévérez, savoir être là au bon moment, vous faire connaître et faire connaître votre travail; ce sont là des façons simples mais efficaces de percer dans ce métier.
Tous les photojournalistes professionnels que je connais, ont passé par des périodes de découragement. C’est normal, ce milieu est très concurrentiel. Toutefois si vous croyez avoir du talent, que vous êtes curieux, le tout accompagné d’une véritable volonté de réussir, vous mettez toutes les chances de votre côté de percer dans ce métier.
Au sujet de l’auteur
Jason Geil est un photographe sportif et photojournaliste qui a travaillé au Cincinnati Post, USA Today, The New York Times, le Chicago Sun-Times, le Wall Street Journal et le magazine Rolling Stone.
crédit photo : Pasu Au Yeung, Ivan Bandura, Don McCullin