Si vous croyez que la science est ennuyante détrompez-vous; un photographe allemand qui a publié ses travaux dans le très sérieux magazine Smithsonian à Washington D.C., s’est fait un nom en traitant ses photos de façon assez originale.
Tout cela a commencé lorsque Oliver Blohm et un ami prenaient des photos instantanées dans un jardin à Berlin quand ils ont eu une idée: s’ils brûlaient leurs photos avec des briquets alors qu’ils se développent? Les résultats étaient assez décevants. Ils ont alors pensé de les placer dans un four à micro-ondes. Après quelques essais, Blohm avait perfectionné sa méthode. Un de leurs amis nous explique:
C’est ainsi que travaille Oliver. D’abord, il a une idée qui germe dans son esprit et un ou deux mois plus tard, il l’a concrétise.
Au début, les photos devenaient trop chaudes et éclataient. Blohm a eu l’idée de les insérer entre un papier épais et une couche de verre. Les résultats furent de magnifiques photos décolorées et déformées. Le film qu’il a utilisé était celui par « The Impossible Project« , une startup qui a créé de nouveaux films instantanés pour les vieux appareils photo Polaroid. Brenda Bernier, conservatrice en chef du Centre de préservation Weissman de Harvard nous explique:
Il y a des photographes qui aiment manipuler des tirages instantanés. Des produits comme ceux vendus par Polaroid et The Impossible Project sont faciles à manipuler car ils contiennent des couches complexes de colorants et de produits chimiques. Ce sont des merveilles de technologie.
Blohm n’est pas préoccupé par les dangers associés à sa méthode. «Les processus photographiques, les plus « cools » des temps anciens, sont pour la plupart dangereux et toxiques», dit-il. Pour les daguerréotypes, populaires au milieu des années 1800, les photographes devaient chauffer du mercure. Le processus photographique par collodion qui fut découvert par Louis Ménard en 1846, était un composé de nitrocellulose et ses vapeurs étaient également dangereuses.
Comment cela fonctionne-t-il ?
La science qui explique les photos de Blohm est simple, selon Philip Sadler, directeur du département d’éducation scientifique à Harvard. «Chaque fois que vous accélérez un processus, il devient imprévisible», dit-il. « Vous obtenez des couleurs différentes, des zones plus foncées ou des décolorations. »
James Foley, qui a travaillé chez Polaroid comme chimiste pendant l’apogée du film instantané, nous dit qu’ils avaient conçu leur film pour qu’il réagisse à des moments précis. «En le chauffant, il libère certains produits avant que toute la chimie ait eu le temps de réagir selon une séquence bien précise. Le résultant ce sont des défauts artistiques aléatoires.
Plus tôt cette année, Blohm a testé ses photos micro-ondes. Il a engagé des modèles. Il a intitulé sa série «Hatzfrass». La traduction française serait «fast food». Quand The Impossible Project a ouvert un magasin à Berlin, ils l’ont invité à exposer sa série. Il a même apporté un micro-ondes afin qu’il puisse expliquer sa méthode à d’autres personnes. Depuis ce temps, « Hatzfrass » a attiré l’attention de grands spécialistes en photographie.
Certains fans lui ont même envoyé leurs propres images au micro-ondes. Tous bons photographes amateurs attirés par l’aspect créatif de ce processus, peuvent créer de telles images en toute sécurité. Ce qui prouve que parfois, des idées un peu étranges peuvent se transformer en des projets photographiques sortant des sentiers battus.
Vous pouvez découvrir d’autres photos en visitant le site de notre ami Oliver Blohm.
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crédit photo : Oliver Blohm