Avant de rédiger mon article au sujet du XC10, j’ai voulu prendre mon temps. En effet, ce n’est pas tous les jours qu’une entreprise comme Canon présente une nouvelle série d’appareils numériques. De plus je savais que plusieurs centaines de sites ne feraient que retranscrire le communiqué de presse.
De plus ayant un ami qui travaille dans une grosse boîte de production vidéo, j’ai accès à une source d’information privilégiée. J’ai donc fait appel aux connaissances de cette personne afin d’avoir un avis plus nuancé et objectif.
Pas pro mais prosumer
Pour débuter disons-le carrément, Canon donne dans le prosumer; un terme qui désigne les tendances qu’ont les consommateurs à chercher à se professionnaliser. En effet, contrairement à ce que certains sites ont affirmé, le XC10 n’est pas un appareil destiné aux professionnels, et ce, en dépit du fait que Canon nous le présente de cette façon. Un appareil pro n’a pas besoin d’être présenté au public avec un acteur comme Jackie Chan pour en faire la promotion. Que vient faire Jackie Chan dans cette galère ?
Sa fiche technique
Mais abordons ce qui est le plus important, c’est-à-dire l’appareil et sa fiche technique. Que nous dévoile-t-elle exactement ? Un zoom fixe de 10 X, un gros bouton rouge en lieu et place d’un simple bouton discrètement et judicieusement positionné, une poignée tournante qui permet de compenser les angles d’inclinaison assez modestes de l’écran LCD, car notez bien que Canon parle d’un écran « vari-angle, » alors que ce terme désigne généralement un écran articulé dans tous les sens; ce qui n’est pas le cas.
De plus le XC10 offre très peu de boutons de contrôles sur le boîtier. Il semble plutôt avoir été conçu pour que l’utilisateur soit obligé de passer par l’écran tactile pour modifier certains paramètres. Une caractéristique qui ne correspond absolument pas à un appareil pro.
Autres détails intéressants, le XC10 n’enregistre pas en DCI (4096×2160), uniquement en UHD (3840×2160), alors que dans l’industrie cinématographique, le « Digital Cinema Initiatives » (DCI) est la norme dominante. De plus le XC10 n’enregistre que dans le régime 4:2:2 UHD/30P sur une carte CFast 2.0 à 305 mégabits par seconde. Ce sous-échantillonnage de la chrominance est une façon de créer « artificiellement » des fichiers moins lourds.
Le système visuel humain étant plus sensible aux variations de luminosité que de couleur, le régime 4:2:2 Y’CbCr, produit moins de données numériques que le 4:4:4 R’V’B’. Bien que cette réduction de l’information soit en pratique peu perceptible, cela démontre encore une fois que le XC10 n’est pas destiné aux professionnels, mais bien à une clientèle de prosumers.
Un joli gadget
Sony et Panasonic n’ont vraiment rien à craindre face au XC10; le GH4 fait mieux alors qu’il est vendu 1000 $ / 900 euros moins cher. Et pour couronner le tout, le GH4 offrira bientôt le raw 4K via une mise à jour de son firmware, ce que le caméscope de Canon n’offre pas. Un appareil ciné numérique qui n’enregistre pas en raw, ne présente aucun intérêt pour un vidéaste professionnel qui à besoin de la flexibilité offerte par ce format. Imaginez un photographe pro shooter uniquement en jpeg !
Je pourrais continuer encore longtemps à énumérer les défauts de cet appareil. Sur papier, le XC10 semble être une bonne affaire; mais pour celui qui a déjà tâté un vrai appareil pro, ce caméscope ne fait pas sérieux. Lors de son dévoilement, Canon avait dit que le XC10 était « une GoPro sur les stéroïdes ». Rigolo ! En résumé, le XC10 est un beau petit gadget relativement bien conçu, mais vendu bien trop cher considérant ses capacités vidéos et ses nombreuses limitations.
Une réponse
Merci, intéressant comme constat.
Etant « vacciné » Canon depuis mes débuts, j’attendais un appareil Canon capable de rivaliser avec le GH4.
Du coup, un peu déçu avec ce XC10 même si le côté tout en un est plutôt séduisant en complément de mon 5D Mark III (pour les productions commerciales) et d’une XF300 (pour la captation de spectacles, théâtre…). A voir…