La photographie zen se manifeste naturellement lorsque nous avons un esprit calme et reposé. Un photographe qui veut produire des photos zen doit attendre que divers éléments se mettent en place; comme la lumière, la forme et l’absence de planification. Au lieu de vérifier la météo avant un shooting, aventurez-vous à l’extérieur et recherchez de beaux endroits propices à la photographie zen. En tant que photographe paysagiste, je souhaite partager avec vous quelques conseils afin de réaliser ce type de photos qui est un sous-genre du minimalisme.
1. L’espace négatif
Bien que certains puissent être en désaccord, la photographie ressemble beaucoup à la peinture. J’aime vraiment l’analogie suivante pour vous aider à comprendre la principale similarité entre les deux: un peintre cesse d’ajouter des traits à sa peinture qui serait autrement vierge avant de décider que son travail est terminé. En photographe zen, nous devons supprimer des éléments d’une image afin de produire une photo sans élément perturbateur. Cela dit, j’admire les photos qui n’offrent pas trop de points de repère visuel, car contrairement à beaucoup d’autres genres de photographies, ces images ne sont pas faites pour attirer l’attention. Au lieu de cela, les photographies inspirées du zen vous « invitent » à les regarder, mais de façon progressive, car plus vous regardez ces images, plus les formes et les motifs commencent à apparaître, notamment par la présence de vastes espaces négatifs.
Les espaces négatifs sont les zones qui sont entièrement vides; sans détail, ni sujet. Ils peuvent être sombres ou extrêmement brillants; tant que ces zones n’attirent pas l’attention. Un ciel bleu clair pourrait être un excellent exemple d’une zone sans détails. Plus il y aura d’espace négatif dans votre photo, plus votre sujet se distinguera du reste de la composition.
2. Utilisez une composition carrée
Les compositions carrées donnent une vue instantanée de ce qui se trouve dans une image, même avant d’avoir déclenché. La largeur étant égale à la hauteur, le cadre devient neutre – comme s’il n’existait pas du tout. Cela permet au contenu du cadre d’être plus attractif et de forcer le spectateur à regarder le sujet qui se trouve dans votre photo.
Un autre avantage est l’ordre que les carrés imposent. Une telle structure semble placer votre pour que celui-ci soit l’élément le plus important. Cette composition permet inconsciemment d’être attiré par ce type d’image.
3. Les expositions longues
Des expositions longues atténuent la présence de nuages dans le ciel, réduisent les éclaboussures d’eau en bruine fine et créent un arrière-plan doux qui met en évidence un sujet. Les filtres de densité neutre (ND) aident à réduire la lumière, de sorte que vous pouvez exposer une image encore plus longtemps. Un simple filtre polarisant permet parfois de réduire la lumière jusqu’à trois stops, mais vous pouvez toujours attendre jusqu’au crépuscule pour augmenter naturellement la vitesse d’obturation.
Un ciel lumineux peut facilement être atténué à l’aide d’un filtre de densité neutre graduée (GND), ou via des expositions multiples que vous « mélangerez » avec Photoshop pour produire au final une image dont ciel sera moins lumineux. Vous n’avez pas de filtre gradué? Faites glisser une carte noire mate ou un chiffon devant l’objectif pendant que vous êtes exposé. Déplacez-le vers le haut et vers le bas de la partie la plus brillante de l’image, environ la moitié du temps nécessaire à votre appareil pour prendre une photo.
Cette technique, connue sous le nom de « carte noire », est presque aussi ancienne que la photographie elle-même, et c’est une bonne alternative aux filtres gradués qui sont souvent assez coûteux. Cette technique fonctionne en réduisant la lumière dans la partie la plus brillante de l’image si la plage dynamique de la scène est trop grande pour que votre appareil puisse l’exposer correctement.
4. Déplacez intentionnellement votre appareil
Lorsqu’il n’y a pas d’objets solides dans l’image, vous n’avez pas besoin d’avoir une image nette. Parfois, les images (en particulier les paysages marins dans lesquels il n’y a que des substances liquides et gazeuses) bénéficient de la douceur ajoutée par le léger déplaçant de votre appareil photo. Lorsque cette technique est utilisée correctement, ce déplacement créer de nouvelles textures et de nouveaux motifs, car vous naviguez avec le flux de l’eau ou des nuages dans le ciel. Cette technique crée des images semblables à une peinture. Utilisez-la avec modération.
5. Le N&B et la monochromie
Les images en noir et blanc sont souvent moins frappantes que celles en couleur. La monochromie nous invite à explorer l’image d’une autre manière. Vous devez déjà avoir entendu quelque part que la rétine de nos yeux est constitué de différents récepteurs optiques; les bâtonnets et les cônes. Lorsque les cônes (vision diurne et colorée), sensibles aux couleurs, ne reçoivent pas de lumière colorée, ils agissent un peu comme les tiges (vision crépusculaire et nocturne en noir et blanc) qui sont moins sensibles à la lumière colorée.
C’est une façon plus « primitive » d’observer le monde qui nous entoure, car les bâtonnets sont souvent des récepteurs que seule les êtres vivants plus évolués possèdent contrairement aux cônes. Avec la photographie numérique, vous devrez convertir vos images couleur en N&B. Je préfère utiliser Nik Silver Efex Pro pour cette tâche, Topaz B&W Effects est également souvent utilisé pour donner aux photographes un contrôle total sur la façon dont chaque couleur est convertie en niveaux de gris.
6. La longueur focale
« Moins est plus ». Vous avez certainement déjà entendu cette énoncée. En utilisant une optique avec une focale plus grande au même endroit, vous aurez une image plus serrée qui vous aidera à vous poser la question: quelle est la zone la plus significative dans cette scène ? En retournant plus tard au même endroit, vous serez plus à même de composer votre image zen, car vous aurez identifié ces zones significatives. Vous n’aurez pas à chercher, car la photographie zen est, je vous le rappelle, un genre qui exige d’avoir un esprit libéré des tracas du quotidien. Plus vous serez dans un état zen au moment de la prise de vue et plus vos photos reflèteront cet état.
7. Débutez en photographiant des paysages ordinaires
Vous pouvez commencer à prendre des photographies zen après avoir maîtrisé la photographie de paysage régulière. Lorsque vous savez comment prendre de bonnes photos de paysages, ce sera beaucoup plus facile de laisser aller votre imagination et de prendre en photo quelque chose qui correspondra à la tradition zen.
De plus, il est préférable d’avoir seulement un ou deux sujets ou lieux à l’esprit. Cela vous permet d’adopter une approche zen de la photographie, laquelle est beaucoup plus libre et moins encombré d’éléments perturbateur. Respectez votre format ou votre technique et apprenez à découvrir ce qu’il y de nouveau autour de vous. Tout comme un enfant qui a d’abord utilisé une première fois un appareil photo.
Des paysages merveilleux s’offrent à ceux qui sont patients, alors n’abordez pas la photographie zen lorsque vous êtes stressé ou inquiet. La photographie de paysage permet de passer beaucoup de temps à attendre des moments éphémères. Respectez également un emplacement et assurez-vous qu’il n’y a rien qui détourne votre concentration. Arrivez tôt à un endroit et attendez que les conditions soient parfaites. Ne vous inquiétez pas si cela ne se produit pas. Dans la plupart des cas, vous pourrez revenir à cet endroit. Parfois même des années après avoir pris vos premières photos. Vous découvrirez que les résultats en valaient la peine.
En terminant sachez que la photographie zen n’exige pas de posséder un appareil haut de gamme. Tous ces gadgets ne vous serviront à rien, c’est l’ambiance, l’atmosphère et votre état d’esprit qui crée une photo zen. D’ailleurs c’est un des grands avantages de ce type de photos; vous pouvez en faire avec un équipement de base. N’oubliez pas cette maxime lorsque vous partirez à la conquête de beaux endroits pour réaliser vos photographies zen: « moins est plus ! »
Au sujet de l’auteur
Daniel Laan est un photographe de paysage basé aux Pays-Bas. En plus d’être un photographe de paysage à plein temps, Laan enseigne également la photographie aux étudiants du monde entier. Vous pouvez découvrir son travail en visitant son site internet, sa page Facebook, sur 500px et Instagram.
crédit photo : Daniel Laan
2 Responses
Bonjour,
merci d’avoir pris le temps de rechercher et de partager cet article passionnant. J’adhère totalement à ces conseils très utiles et que j’utilise en permanence dans mon métier.
Cependant, je suis un peu en désaccord avec le premier paragraphe concernant l’espace négatif. Pour moi c’est un élément fondamental de la photographie de paysages mais la définition donnée par Daniel Laan est inexacte.
L’espace négatif est un concept complexe à comprendre pour de nombreux débutants. Plutôt que de tour réécrire dans ce commentaire, voici comment on peut le définir de manière simple (même si 50 pages seraient nécessaires pour aborder ce sujet si crucial).
https://www.guillenphoto.com/cms/pourquoi-bien-gerer-l-espace-negatif-en-photographie-de-nature.html
Merci encore pour la qualité de votre travail qui me permet de m’évader quelques minutes chaque jour car le temps me manque cruellement pour effectuer ces recherchers sur internet.
Encore bravo.
A. Guillen
Cela me fait plaisir de publier des articles qui peuvent aider les photographes.