D’un boîtier à l’autre, les technologies de l’autofocus varient. Où se situe chaque constructeur ? Quelle hiérarchie peut-on établir ? Avec ce comparatif des autofocus, j’ai pu confronter les boîtiers Sony (A7 III, A7s III, A9 II, A7r IV), les derniers Canon R5 et Canon R6, le Fujifilm X-T4,, le Nikon Z6, le Panasonic S1, mais également les hybrides Olympus. Grâce à différents critères, j’ai tenté d’évaluer les performances de l’AF de chacun d’entre eux. D’après vous, qui a le meilleur autofocus parmi toutes ses marques ? Canon ou Sony ? Allez-vous être surpris du résultat ? La réponse dans cet article !
Ce qu’on attend d’un autofocus en 2020
Avant de choisir un appareil photo, voici tous les critères que je regarde lorsque je cherche le meilleur système autofocus.
Une technologie performante
Il existe aujourd’hui deux technologies différentes :
- un autofocus par détection de contraste, le mécanisme de mise au point le plus lent ;
- un autofocus par corrélation de phase, le mécanisme le plus rapide mais qui peut parfois manquer de précision.
En 2020, la plupart des marques utilisent la corrélation de phase. Avec les années, ce mécanisme s’est beaucoup amélioré et les imprécisions sur la mise au point se font de plus en plus rares. Il n’y a que Panasonic qui utilise encore le système de détection par contraste, ce qui rend l’AF beaucoup moins réactif.
Une couverture sur l’entièreté du capteur
Dans cet article, on ne s’intéresse pas aux reflexs mais uniquement aux appareils hybrides. Sur ces boîtiers, la couverture de capteur est quasiment maximale. Vous pouvez donc mettre le collimateur où vous voulez sur votre capteur puisque l’AF est capable de tracker sa cible n’importe où.
Une détection des yeux qui fonctionne aussi sur les animaux
La bataille autour de l’autofocus ne tourne désormais plus autour de la détection des yeux sur les humains. La plupart des constructeurs maîtrisent cette technologie, ce qui n’est pas encore le cas de la détection des yeux animaux. Nous allons le voir, certains sont plus performants que d’autres !
Un tracking réactif
La capacité à suivre un objet n’est pas la même selon les marques. Certains appareils y arrivent très bien, quelle que soit la taille de la cible, alors que d’autres n’en sont pas capables si le sujet est trop petit.
Un buffer performant
Il ne suffit pas de pouvoir faire la mise au point rapidement, il faut aussi être capable de déclencher suffisamment de photos ! Il y a deux choses qui vont jouer :
- La cadence de rafale qui peut être de 3 i/s comme sur les anciens Canon, ou qui peut aller jusqu’à 30 i/s sur les meilleurs hybrides. Plus la cadence est élevée, plus vous allez réussir à capturer le bon moment.
- La profondeur du buffer qui permet de faire des rafales plus ou moins longues. Ce dernier critère va aussi dépendre de votre support de stockage (CF Express, carte SD ou CF Express de type A).
3 séquences pour mettre l’autofocus à l’épreuve
Avant tout, sachez qu’un mauvais autofocus n’existe pas, surtout en 2020 ! Les technologies utilisées sont de plus en plus perfectionnées, et les systèmes AF beaucoup plus rapides que les anciens. Tous les appareils dont je vous parle dans ce test disposent d’un autofocus de qualité, qui conviendra à tous les utilisateurs. Et pour trouver des différences entre chacun d’entre eux, ce n’était vraiment pas gagné.
Mais attention, je parle ici de l’autofocus du boîtier. Je ne mentionne pas les objectifs, sinon cet article serait interminable ! Il est donc important de garder en tête que c’est surtout le couple boîtier plus objectif qui permet de bonnes performances d’autofocus. De nombreux objectifs handicapent le boîtier en ralentissant la mise au point. Pour qu’elle soit optimale, le boîtier et l’objectif doivent être au top.
Dans ces séquences, j’ai travaillé avec des boîtiers que je connais par cœur (Sony, Fujifilm et Canon). Je les ai emmenés partout avec moi : Camargue, parc ornithologique, zoo, spectacle… Que des environnements challengeants pour l’autofocus !
1 – Test avec les appareils sur trépied
Pendant ce premier test, je n’ai vu aucune différence sur les boîtiers. C’était même assez difficile pour réussir à les piéger ! Le seul moment où ils commencent à se distinguer, c’est lorsque le sujet se met à courir face à l’objectif.
On voit rapidement ceux qui sont capables de suivre le mieux la cible : le A7S III et le R5 n’ont aucun problème, ils sont imperturbables. En revanche, le A7 III arrive à ses limites. Le X-T4 tient le coup, même s’il y a un léger flou.
2 – Test à main levée en variant la distance
Durant cette séquence, je tiens l’appareil photo à main levée et je me déplace d’avant en arrière pour mettre l’AF à contribution. J’ai finalement obtenu les mêmes résultats qu’avant : c’est le X-T4 qui se fait plus facilement piéger que les autres. Il perd la mise au point et hésite beaucoup plus. Mais c’est normal, j’ai tout fait pour les induire en erreur ! Même le Canon EOS R5 s’est fait piéger (ça arrive aussi aux meilleurs !).
3 – La séquence la plus exigeante pour l’autofocus
Pour réussir à les départager, je les ai confrontés à une scène particulièrement difficile à suivre : mon fils qui court à fond et qui saute dans la piscine. Il y a ainsi plusieurs phases qui permettent de mettre l’autofocus à contribution (la phase d’accélération, la phase de saut et la phase de descente brutale). N’hésitez pas à regarder la vidéo à partir de 10:10 pour mieux vous rendre compte du résultat.
À 75 mm, voici les performances de chacun :
- Le Sony A9 est celui qui a obtenu les meilleurs résultats. L’autofocus ne se plante jamais, et il met à jour la position de l’œil en temps réel. Il n’y a aucune photo floue, c’est une vraie réussite !
- Le Sony A7R IV est plus sensible au black-out à cause de son capteur de 61 Mpx. La cadence de rafale est beaucoup plus courte et il perd l’œil plus facilement. Toutes les premières photos sont nettes, mais l’autofocus va ensuite devenir de plus en plus imprécis. Dès que mon fils commence à sauter dans l’eau, il perd la mise au point et n’arrive pas vraiment à la récupérer. Au moment du saut, la plupart des photos sont floues.
- Le Canon EOS R5 est tout simplement parfait. Il détecte le visage plus vite que les autres et ne le lâche pas une seule seconde. Il y a très peu de photos loupées, et pourtant cette séquence est très exigeante pour l’autofocus. J’étais vraiment impressionné !
- Le X-T4 ne boxe pas dans la même catégorie. Il ne s’agit évidemment pas de la même gamme de boîtiers, donc c’est normal d’avoir de telles différences. Cette scène lui a posé beaucoup de difficultés, on a atteint ses limites. L’autofocus trouve bien le visage au début, mais il prend rapidement du retard. Résultat, très peu de photos sont nettes et l’exposition a du mal à être correctement ajustée.
Compliquons les choses avec une focale à 200 mm. Dans ces conditions, la profondeur de champ est encore plus difficile à tracker :
- Le Sony A9 est toujours en tête. Il a une cadence de rafale impressionnante, ne perd jamais la mise au point même avec cette profondeur de bokeh et ne fait pas une seule photo floue.
- Le A7R IV a réussi à suivre, même si sa cadence n’est pas énorme (avec un capteur de 61 Mpx, c’est normal !). Il délivre une très bonne prestation, avec un taux correct de photos nettes.
- Le Canon R5 se défend très bien, il s’est juste fait piéger par la branche qui est passée devant mon fils. Mis à part ça, la plupart des photos sont nettes.
- Le X-T4 a encore du mal à suivre et il perd beaucoup sa cible. Sur une scène aussi exigeante, rien d’anormal. Le X-T4 reste un excellent appareil photo, je vous montre simplement ses limites.
Quel appareil a le meilleur autofocus ? Ma hiérarchie selon les marques
Vous l’attendiez, voici le classement final !
1 – La première place revient au Sony A9, Canon R5 et Canon R6
Avec ces trois boîtiers, impossible d’être déçu ! C’est de plus en plus difficile de réussir à les piéger. Les derniers Canon EOS R5 et R6 disposent d’un autofocus équivalent à celui du A9. Le Sony sera plus précis lorsqu’il faut rafraîchir très vite la cadence de rafale, mais il sera moins bon sur de la photo animalière. En effet, la détection des yeux sur les animaux fonctionne beaucoup mieux sur le R5 et le R6. Avec Sony, elle se limite aux chiens et aux chats. Mais attention, les Canon R5 et R6 viennent tout juste de sortir et possèdent la dernière génération d’autofocus. C’est donc tout à fait normal qu’ils aient une longueur d’avance !
2 – Les Sony A7 III et A7R IV en deuxième position
Ces deux boîtiers Sony ont un excellent autofocus, mais le A7 III n’a pas le Real Time Tracking et le A7R IV est sensible au black-out. Si le sujet va trop vite, vous aurez quelques photos loupées. On n’est pas sur le niveau d’un A9, mais la deuxième place est amplement méritée !
3 – Olympus et Fujifilm à égalité
Difficile de départager ces deux constructeurs. Dans les deux cas, l’autofocus est capable de bien rafraîchir la mise au point, de détecter les visages et les yeux et de suivre un objet. Malgré tout, on n’est pas sur les mêmes performances que Sony ou Canon.
4 – Nikon et sa première génération d’hybrides
Comme Nikon n’est qu’à sa première génération avec le Z6, il y a encore quelques imprécisions. Tant que le sujet ne va pas trop vite, la détection des yeux et des visages marche bien. Mais si la cible devient trop petite et trop rapide, l’autofocus est perdu.
5 – Panasonic en dernière place
Selon moi, ce sont les appareils Panasonic qui disposent du moins bon autofocus. Mais rassurez-vous, ça ne veut pas dire que l’autofocus est mauvais ! Il y a simplement des systèmes plus rapides et perfectionnés que d’autres. Comme Panasonic utilise encore la technologie par détection de contraste, c’est normal que leurs boîtiers soient en décalage avec les autres. La mise au point est un peu plus hésitante, mais elle conviendra très bien sur de nombreuses scènes du quotidien.
Et voilà, ce classement touche à sa fin. Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous d’accord avec moi ? N’hésitez pas à me donner votre avis !