Le Nikon Zr, c’est la toute première caméra cosignée par Nikon et RED. On retrouve deux nouveautés inédites sur un hybride : un écran géant de 4 pouces, le plus grand et le plus lumineux jamais vu, et un enregistrement audio 32 bits intégré, sans aucun accessoire externe. Le tout à un prix qui fait trembler la concurrence… 2 349 €. Nikon frappe fort. Le Lumix S1 II E s’affiche à 2 800 €, la Sony FX2 à 3 200 €, et Canon n’a pas de caméra à ce niveau de tarif. Ce Nikon Zr va changer le marché, et c’est ce qu’on va voir dans ce test complet.
ℹ️ Cet article est 100 % indépendant. Nikon ne me donne aucune consigne et ne voit pas la vidéo avant ! Pour soutenir mon travail, n’oubliez pas d’utiliser le code créateur Damien lorsque vous effectuez un achat sur IPLN.fr. Ça me permet de toucher une petite commission (3 %) et de continuer à vous proposer des contenus de qualité. Votre soutien fait la différence, merci ! 🙏
Les caractéristiques de la caméra Nikon Zr
- Capteur : plein format CMOS 24,5 Mpx
- Écran : 3070k, 1000 nits, gamut DCI-P3
- Taille de l’écran : 4”
- Dual ISO natif : 800 / 6400 (Log3G10)
- Autofocus : AF hybride par détection de phase
- Mode vidéo : 6K 60fps RAW interne / 4K 120fps RAW/ProRes / FHD 240fps
- Formats : R3D NE (12 bits), N-RAW, ProRes RAW, ProRes422 HQ, H.265, H.264
- Autonomie : 125 minutes en 4k60 sur secteur / 95 minutes sur batterie
- Tropicalisation : oui
- Dimensions : 134 x 80,5 x 49 mm
- Poids : 540 g
Une ergonomie minimaliste pensée pour la vidéo
Un design compact mais presque trop sobre
Le Nikon Zr inaugure une toute nouvelle gamme baptisée Z Cinéma. C’est un boîtier compact, cubique, pensé avant tout pour la vidéo. Pas de viseur ici, Nikon a choisi un dessus plat, façon caméra cinéma.
Mais il y a un truc que je ne comprends pas : ce boîtier n’a quasiment aucun grip. Pourtant, on va forcément l’utiliser avec des objectifs assez costauds…
Heureusement, il y a SmallRig qui a prévu un accessoire pour corriger ça et ajouter un vrai grip. Mais ça reste étonnant que Nikon n’en ait pas prévu un d’origine.
Idem, le nombre de boutons est ultra limité sur le boîtier.
À l’arrière, on retrouve seulement un joystick, un bouton Menu et un bouton Lecture. Impossible de faire plus simple. Sur le dessus, trois petits boutons : Affichage, Modes et Correction d’exposition. Et c’est tout !
Il y a très peu de boutons assignables, mais c’est la conséquence d’un choix fort : Nikon a voulu révolutionner l’écran.
Des commandes épurées
Pas de switch ON/OFF ici. À la place, on a un joli bouton lumineux.
Autour du déclencheur, on retrouve une commande de zoom compatible avec les objectifs Power Zoom (PZ).
On retrouve également :
- un switch photo/vidéo,
- un bouton REC en façade,
- une double molette (avant et arrière),
- une tally light à l’avant pour indiquer l’enregistrement.
Côté alimentation, Nikon reste sur sa batterie habituelle. Le stockage se fait dans le même compartiment (malheureusement), avec une carte CF Express Type B et une microSD. Ce n’est pas l’idéal, surtout que Nikon ne permet toujours pas le double enregistrement vidéo.
Le pas de vis du trépied est bien positionné, mais selon les plateaux utilisés, il peut parfois bloquer l’accès à la batterie. Rien de dramatique, mais ce n’est pas aussi pratique qu’un compartiment dédié au stockage.
Pour les connectiques, c’est complet : micro, casque, USB-C PD (recharge ultra rapide) et micro HDMI, un port qu’on aime détester. Le micro HDMI, ça fait le job, mais ça reste fragile.
Un écran révolutionnaire de 4”
Sony, Canon ou Lumix utilisent tous des écrans 3 pouces entre 1 et 1,8 million de points. Même Hasselblad, qu’on cite souvent pour la qualité de ses écrans, monte seulement à 3,6 pouces.
Le Nikon Zr va encore plus loin avec un écran de 4 pouces, 3,07 millions de points, et surtout 1 000 nits de luminosité.
C’est le plus grand et le plus lumineux écran du marché. Pour vous donner une idée, c’est la luminosité d’un smartphone, avec un espace de couleurs DCI-P3.
C’est beau de voir un constructeur qui soigne son écran. Avec un écran pareil, on peut enfin se passer d’un moniteur externe dans bien des situations. Et c’est sans doute le pari de Nikon !
👉Le tactile est plus naturel, tout est plus lisible et intuitif.
Nikon a d’ailleurs intégré un nouveau menu tactile permettant d’activer ou d’ajuster en un clin d’œil :
- le peaking,
- la grille,
- le niveau,
- les zébras,
- l’assistant LUT,
- le cadre d’enregistrement,
- le waveform,
- la luminosité d’écran.
Le but de ce menu tactile, c’est de se passer de bouton.
Alors oui, il y aura toujours deux écoles : la team tactile, dont je fais partie, et la team “touche pas à mes boutons physiques”. Mais une chose est sûre, Nikon vient de placer la barre très haut pour les écrans d’hybrides.
Une technologie proche du Nikon Z6 III
Un capteur semi-empilé taillé pour la vidéo
Le boîtier embarque un capteur plein format stabilisé sur 5 axes, semi-empilé, de 24 millions de pixels, capable de filmer en 6K 60p.
C’est une technologie qu’on connaît bien : c’est la même que sur le Nikon Z6 III.
Il peut enregistrer en RAW 12 bits en interne, en 6K 60p N-RAW, ou encore en ProRes RAW 4:2:2 HQ.
💡 Pour aller plus loin : regardez la vidéo décryptage pour les vidéastes.
Le format N-Raw Nikon dispose d’une compression inédite grâce à la technologie TicoRAW créée par IntoPIX. Elle permet d’obtenir un RAW en 4K sans recadrage pour diminuer la taille du fichier RAW. Un compromis intéressant.
C’est du RAW qui est vraiment utilisable. Par exemple, 30 minutes de 4K 25, c’est :
- 160Go en R3D RAW
- 78Go en N-RAW
Et 78 Go, c’est gérable en 2025.
Bref, ce n’est pas rien de faire du RAW de plus faible définition. Nikon est le seul constructeur à faire ça parce qu’ils ont une licence qui est la référence. Et pour info, chaque RAW est accompagné d’un fichier proxy en 1080p pour venir gagner du temps au montage.
Des formats et cadences dignes d’une caméra cinéma
Côté codecs, Nikon propose du H.265 10 bits 4:2:0, mais toujours pas de 4:2:2 en dehors du RAW.
On retrouve également :
- 6K25 ou 50 fps,
- 4K 60p suréchantillonnée,
- 4K 120p avec un crop DX 1,5×, mais en qualité normale (le son est conservé, il n’est pas ralenti),
- et un 1080p jusqu’à 240 i/s pour les ralentis extrêmes.
Une excellente qualité d’image
Avec ce Nikon Zr, quel que soit le mode que vous choisissez, vous avez une excellente qualité d’image. Il ne vous promet rien qu’il n’est pas capable de tenir ou qu’il va faire de manière dégradée.
La 4K60 est suréchantillonnée (ce n’est pas le cas de tous les boîtiers) et ça se voit immédiatement dans le rendu. De même, avoir du 240 i/s, ça fait la différence.
On a enfin une caméra qui reste cohérente et performante. Peu importe le mode d’enregistrement, elle le fait bien.
Montée en ISO
En termes de sensibilité, le Nikon Zr dispose d’un Dual ISO à 800 et 6400 ISO, et la différence entre les deux est bien visible.
☝️ Le seul ISO à éviter, c’est 5000. Il est clairement moins bon que 12 800.
Pour comparer avec la Canon C50 qui vient aussi de sortir, le niveau de bruit est équivalent. Et pourtant, la C50 est légèrement plus détaillée.
👉 La Nikon Zr et la Canon C50 font toutes les deux mieux qu’une Sony FX3 grâce à leur oversampling.
Dynamique et rolling shutter
Nikon annonce 14 stops de dynamique. Dans la pratique, j’ai mesuré 12,8 stops (c’est déjà très bien !). C’est même légèrement mieux que le Z6 III.
Alors oui, il manque environ 3/4 de stop par rapport aux caméras de référence du marché, mais ça reste très solide pour un capteur de ce type.
D’autant plus que le Zr possède un très bon rolling shutter. Il est même plus rapide que certains capteurs empilés comme le Canon R3 ou le Fujifilm X-H2S. Il est très proche de la Sony FX3.
Technologie RED et Log3G10
RED, c’est une marque célèbre pour ses caméras utilisées au cinéma, sa science des couleurs, la qualité de son RAW, sa plage dynamique et pour son écosystème.
Et pour la première fois, on retrouve cette technologie RED dans un boîtier hybride Nikon.
👉 On peut donc filmer en RAW R3D code 12 bits avec le log 3G10.
En fait, le Nikon Zr est une caméra RED plein format à 2500 € avec l’autofocus de Nikon. Ça c’est beau quand même !
ℹ️ Le Log 3G10 de chez RED est beaucoup plus réputé que celui de Nikon. Il permet de gagner quasiment un stop de dynamique supplémentaire, le stop qu’il manquait dans l’univers Nikon, qu’on retrouve maintenant en univers RED.
Latitude de travail
Comme avec le N-RAW, le R3D offre une latitude de travail incomparable avec du H265. Vous pouvez par exemple récupérer sans problème :
- une sous-exposition de trois stops ;
- une surexposition de quatre stops.
Le tout sans apparition de bruit ni perte d’information majeure. Peu importe la base ISO que vous utilisez, l’image reste propre et malléable
Comparatif Nikon ZR vs Red
Pour ce test, j’ai tourné des plans en Nikon d’un côté et en RED de l’autre, histoire de comparer les deux univers qu’on retrouve désormais dans un seul et même boîtier.
Tout a été fait en manuel, balance des blancs figée, paramètres d’exposition identiques. Les paramètres sont strictement identiques.
💡 Cliquez sur les images pour les voir en grand
On ne va pas se mentir : je trouve que RED apporte vraiment quelque chose de plus. Ils ne sont pas célèbres pour rien !
Le fait de pouvoir choisir entre les deux univers, celui de Nikon et celui de RED, dans le même boîtier, c’est vraiment intéressant. Par contre, ça vient avec les contraintes des caméras RED :
- exposition 100 % manuelle ;
- pas de balance des blancs automatique.
En revanche, le mode R3D Code du Nikon Zr offre un vrai Dual Base ISO, avec la possibilité de choisir entre une base 800 ou 6400 ISO, puis d’ajuster finement l’exposition.
C’est ce qui permet de déplacer la répartition de la dynamique, exactement comme sur une caméra cinéma haut de gamme.
Dommage que cette Dual Base ISO ne soit accessible qu’en mode RAW R3D, et pas dans les autres formats.
➡️ Dès que vous activez le R3D Code, vous travaillez comme avec une RED avec un flux IPP2. Vous pouvez appliquer toutes les LUTs officielles RED, jouer sur le niveau de contraste, le roll-off des hautes lumières. C’est un vrai monde cinéma intégré à l’intérieur de ce boîtier Nikon, mais qui vous oblige à filmer en RAW pour en profiter.
Un enregistrement son 32 bits en interne, une première sur un hybride
On a déjà un écran 4 pouces, un capteur rapide, le R3D Code, mais ce n’est pas fini. Le Nikon Zr est aussi la première caméra de cette catégorie à enregistrer le son en 32 bits directement en interne, sans aucun accessoire supplémentaire.
Le 32 bits, ça vous apporte une tolérance incroyable.
👉 Quand le son est hyper faible ou saturé, vous pouvez récupérer le son comme si de rien n’était.
C’est un vrai game changer.
Des marques comme RED, DJI ou RØDE se battent pour intégrer cette technologie dans leurs systèmes audio. C’est LA feature audio qui change la donne !
Une nouvelle grille flash multifonction et un micro Shotgun
L’autre nouveauté majeure, c’est que Nikon intègre enfin une griffe multifonction, comme chez Sony ou Canon. Ça permet de connecter directement des accessoires audio et vidéo sans câble ni batterie supplémentaire.
👉 SmallRig prépare déjà une poignée XLR, et Nikon lance le Shotgun ME-D10, un micro ultra compact.
Micro Shotgun ME-D10
Le design du Shotgun ME-D10 est très réussi, avec des tally lights à l’avant et à l’arrière qui rappellent un peu le K2000.
Ce micro est directionnel, avec la possibilité de choisir la directivité du son et de traiter automatiquement l’environnement sonore. Il est livré avec sa bonnette anti-vent et ne nécessite ni batterie, ni câble : tout passe par la griffe multifonction.
J’utilise beaucoup ces micros avec les boîtiers Sony ou Canon et ça manquait vraiment chez Nikon. Très content de voir enfin ce genre d’accessoires arriver !
Micro interne
Nikon a aussi retravaillé les micros internes du Zr. On retrouve deux technologies de référence :
- MEMS, pour la partie puce,
- OZO, pour la partie algorithme, développée par Nokia.
Ces deux licences sont aujourd’hui les meilleures du marché pour les micros intégrés. On peut pas trouver mieux !
🎧 Regardez la vidéo à 11:50 pour les tests audio complets.
Évidemment, ça reste du micro interne. La qualité ne sera jamais comparable à celle d’un vrai micro, mais ça dépanne et le son sera de la meilleure qualité possible si vous n’avez pas de micro.
Un autofocus dernière génération
Le Nikon Zr embarque le dernier système AF de la marque, celui qu’on retrouve sur les Z6 III et Zf.
Il intègre la détection intelligente des sujets, y compris le mode oiseau, et profite de toutes les optimisations récentes.
C’est la dernière version. Cette fois, pas de blague comme sur le Z6 III avant sa mise à jour : ça fonctionne très bien, même si je trouve qu’en vidéo, Sony garde une courte avance sur Nikon.
Pour autant, l’autofocus Nikon reste légèrement meilleur que Lumix et Canon.
🏆 Voici la hiérarchie actuelle des autofocus vidéo :
- Sony en tête,
- suivi de près par Nikon,
- puis Lumix et Canon juste derrière.
Une compatibilité bluffante avec les optiques Sony
Au cours de ce test, j’ai eu l’occasion d’utiliser des objectifs en monture Sony avec la bague adaptatrice MegaDap. J’étais bluffé, tout fonctionnait :
- l’autofocus,
- la bague d’ouverture,
- les boutons.
Aucune différence avec des objectifs natifs.
👉 Ça permet d’avoir une monture encore plus riche et polyvalente.
Autonomie et surchauffe du Nikon Zr : rien à signaler
L’autonomie est plutôt bonne, sans être non plus exceptionnelle.
👉 J’ai pu filmer 1h38 de 4K50fps Oversamplé en H265.
Mais le plus impressionnant, c’est la gestion de la chaleur. Je ne suis pas arrivé à faire surchauffer le boîtier, et pourtant avoir une carte CF Express brûlante à côté de la batterie c’est pas une super idée !
Pourtant, Nikon a fait un travail remarquable. J’ai vidé deux batteries d’affilée sans le moindre témoin de surchauffe.
Puis j’ai branché une alimentation USB-C, et là, j’ai pu filmer 3 heures de RAW REDCODE 6K 60p dans un studio à 25 °C, toujours sans aucun signal d’alerte.
Le seul moment où j’ai réussi à le faire chauffer, c’est après environ 38 minutes de 4K 120p. Des résultats assez impressionnants !
Avec le Nikon Zr, vous pouvez travailler sans galérer avec une surchauffe permanente comme on peut avoir sur le Sony ZVE1.
L’univers photo du Nikon Zr
Le mode photo n’est pas la vocation principale du Nikon Zr, mais on retrouve tout l’univers du Nikon Z6 III :
- la pré-rafale en JPEG,
- l’autofocus complet,
- et toutes les fonctions photo habituelles de la gamme Z.
La principale limite, c’est l’absence d’obturateur mécanique. Si vous faites du concert ou du flash, ça va vous manquer.
Le Nikon Zr reste une caméra tout à fait capable d’être un bon appareil photo de 24 mpx.
🔎 Et pour aller plus loin, sachez qu’une formation complète sur le Nikon Zr arrive très bientôt. IPLN vous l’offre pendant les précommandes.
Comme toujours, vous pouvez utiliser le code créateur “Damien” pour soutenir mon travail tout en profitant des offres de lancement.