Adrian Murray est un photographe portraitiste. Il partage avec nous ses conseils et techniques pour la prise de vue d’enfants. Il nous dévoile également quel matériel utiliser et comment post-traiter ses photos.
Le matériel et les réglages
Peu importe ce que je photographie, j’utilise toujours un Canon 6D et un objectif 135mm f/2 L. C’est mon kit de base. Un petit téléobjectif monté sur un appareil photo plein format est très bien adapté pour la photographie d’enfants. Vous obtenez de cette façon une belle profondeur de champ, avec la possibilité de modifier votre composition selon les mouvements des petits. Dans mon sac photo j’ai également un 50mm et un grand angle. L’avantage du petit télé est de pouvoir photographier vos sujets tout en gardant une bonne distance.
L’éclairage
La lumière naturelle ou l’utilisation d’un flash, est une source de controverse en photographie. Pour ma part, je préfère la lumière naturelle. Suivre des enfants avec un flash n’est pas selon moi une bonne idée. Il est trop envahissant. Il peut également intimider et même décourager vos enfants à poser. Sans flash, vous obtiendrez des images dans des lieux ombragés plus réalistes. Je n’aime pas du tout ces images avec des sujets bien éclairés et le fond sombre. Cela enlève la magie et vous obtiendrez des photos de « studio ».
La lumière naturelle est tellement plus belle. Cela ne me dérange pas qu’une partie d’un visage soit dans la pénombre. Si vous photographiez en raw, vous aurez toujours la possibilité de les éclaircir légèrement. Vous serez étonné de l’impact que peut avoir un flash en photographiant des enfants. Cet outil n’est tout simplement pas adapté à ce genre de photos.
Le moment de journée est très important. Le soir est un moment béni pour faire ce genre de photos. La lumière est douce et tamisée par l’atmosphère. Si en plus vous avez droit à un beau « Golden Hour », vos photos seront magiques.
Les réglages de l’appareil
J’utilise mon appareil photo toujours en mode manuel. C’est la façon que j’ai appris la photographie, et cela me convient parfaitement. Mon mode opératoire de base est d’utiliser la plus grande ouverte afin de bien isoler mes sujets du fond, puis de régler la vitesse d’obturation entre 1/250 et 1/500 de seconde au maximum. Cela me permet de garder les ISO le plus bas possible afin de minimiser la présence de bruit dans mes images.
Je peux aussi parfois utiliser le mode priorité à l’ouverture. Ceux qui veulent connaître les détailles exactes sur le plan technique, voici ce que je conseille :
Mode priorité à l’ouverture : Cela vous permettra d’avoir un certain contrôle créatif sur la profondeur de champ si vous n’êtes pas un adepte du « tout auto ». Si votre appareil photo n’a pas de mode priorité à l’ouverture, un mode « portrait » peut s’avérer utile afin d’obtenir des arrière-plans flous.
L’ouverture : Entre f/2.5 et f/5.6 vous obtiendrez de bons résultats. Vous devez tenir compte de la scène et de votre sujet. Quelquefois isoler son sujet est préférable, alors que dans d’autres cas, le situer dans son environnement produira une meilleure photo. Vous devez savoir vous adapter selon la situation.
Les ISO : À l’extérieur, quand vous avez une belle lumière, ne dépassez pas 100 ISO. Si la scène est trop sombre et que vous êtes un expert pour stabiliser votre appareil photo, réduisez un peu la vitesse. Mais ne dépassez jamais 800 ISO; vous risquez d’avoir des photos qui seront difficiles à post-traiter. Le logiciel DxO Optics Pro a le mode PRIME (Probabilistic Raw IMage Enhancement) pour supprimer le bruit. Ce dernier est très puissant. Lightroom fait assez bien aussi, mais il gomme trop les détails selon moi.
La vitesse d’obturation : Gardez un oeil sur la vitesse d’obturation. Essayez de ne pas dépasser 1/200 ou 1/500 pour ne pas devoir augmenter les ISO.
Mode AF : J’utilise le mode AF-C quand je photographie en mode auto. Ce n’est pas celui que je préfère, car comme je l’ai mentionné, je préfère le mode manuel. Toutefois, si vous tenez à paramétrer votre apn en mode auto, l’AF-C est un bon choix.
Le RAW : On ne le dira jamais assez souvent; le raw est indispensable pour obtenir une post-production qualitative.
Le flash et l’éclairage : Je déteste les flashs pour la photographie d’enfants. Ils donnent un rendu très artificiel. Rien ne peut remplacer la lumière naturelle.
Les objectifs : Rien ne peut remplacer mon 135mm f/2.0 L. Il est très lumineux et son bokeh est ultra onctueux. Si vous ne possédez pas un tel objectif, quelque chose entre un 85mm et 200mm conviendra. Si vous utilisez un ultra grand-angle, vous photos seront déformées, avec un téléobjectif, vos plans seront écrasés. Vous perdrez cette sensation de troisième dimension.
J’adapte ces paramètres selon les situations. Par exemple lorsque mes enfants jouent dans l’eau, je photographie à des vitesses un peu plus lentes afin de capturer les mouvements de l’eau et les éclaboussures. Cela produit des photos plus vivantes.
Je sais qu’il existe des règles pour calculer la vitesse minimale selon l’objectif utilisé, mais je garde les choses simples. Si j’utilise mon 135mm par exemple, je photographie à 1/135 de seconde, puis à 1/50 s. avec mon 50mm et ainsi de suite. J’ai toujours obtenu de bons résultats de cette façon.
Les poses
Il existe différentes façons de prendre en photo ses enfants. Les poses sont très importantes. Je préfère, et de loin, les photographier quand ils se trouvent dans un environnement naturel. Toutefois, si vous faites des gros plans par exemple, portez une attention particulière aux yeux. Un joli visage un peu flou, dont les yeux sont bien nets, attira l’attention du spectateur.
Ne prenez pas uniquement des photos de face ou de profil. Variez les angles et tentez des prises originales. On voit rarement des photos d’enfants en N&B. Pourtant c’est une approche très valable qui se démarquera de vos autres prises de vue. Ne vous limitez pas; sachez être inventif.
Le post-traitement
Comme beaucoup d’autres photographes, j’utilise Lightroom. J’édite très rapidement mes photos, souvent en quelques minutes. Je n’aime pas passer de longues heures en post-traitement tout simplement parce que je ne dispose pas de tout ce temps. Je n’utilise aucun « preset », tout simplement parce que je ne crois pas en l’efficacité de cet outil. Je pense que chaque prise mérite son propre post-traitement.
Ce que je fais plutôt, je modifie le contraste, augmente la netteté – ce qui est nécessaire lorsque vous photographiez en RAW – ajuste la balance des blancs et ajoute un peu de vignetage.
Pour obtenir une uniformité sur une série, je copie ces paramètres et les applique aux autres photos. Cela signifie que je crée un « preset » pour chacune de mes séries. Pour finaliser le tout, j’utilise les autres outils pour les micros-ajustements.
Le post-traitement est un sujet complexe. Tous les photographes ont leurs petites recettes. Par exemple j’aime bien avoir des images avec des couleurs chaudes. Cela permet de mieux se « connecter » avec la photo. Ce réglage de la BDB contribue également à faire ressortir les tons clairs et leur donner plus de vie. C’est ce que représente l’enfance pour moi; la vie. C’est ce que je recherche en post-traitement; mettre en valeur les expressions de vie des enfants, en ajoutant le moins d’artifices et d’effets qui pourraient dénaturer la beauté naturelle de mes sujets.
Comment être plus créatif
Un truc simple pour que vos sujets adoptent des poses naturelles, est de leur donner des objets à découvrir. Cela peut être un bout de bois, un animal, une branche d’arbre, des fleurs. J’aime relever le défi d’obtenir de bonnes photos quelle que soit la situation. Toutefois il faut savoir se préparer un peu à l’avance, en devinant comment l’enfant interagira avec son environnement.
C’est vraiment un défi extraordinaire et très motivant quand vous ouvrez une photo sur votre ordinateur et que vous voyez l’image que vous aviez imaginée il y a quelques heures. Cela n’arrive pas à toutes les prises, mais quand je réussis à traduire en image l’expression de joie et d’étonnement de mes enfants, c’est le bonheur !
Les photographes doivent être très attentifs à tous ces petits détails. Quelquefois une seconde d’inattention suffit pour rater la photo parfaite. Vous devez avoir un sens de l’observation très développé. Un rayon de soleil qui illumine le visage de votre enfant, un geste qu’il fait avec un objet, une pose qu’il prend en marchant, un sourire qu’il partage avec sa soeur. Tous ces petits détails peuvent faire la différence entre une bonne photo et une photo magique.
Personnaliser vos photos
De la lumière disponible à l’étincelle de la créativité; ces éléments doivent être réunis et bien dosés pour faire de bonnes photos. Celles que vois voyez dans cet article, sont le fruit de longues années d’apprentissage. Toutefois, si vous possédez déjà un talent en photo, vous obtiendrez de bons résultats plus rapidement. Ne copiez surtout pas les trucs des autres, vous devez développer votre propre style et personnaliser vos photos pour que l’on reconnaisse votre signature.
Si vous prévoyez de faire des photos d’enfants, vous devrez vous exercer longtemps et souvent. Je ne crois pas aux recettes que proposent certains photographes. Il y a quelques règles de base, mais la vraie magie se trouve en vous, dans l’appareil photo que vous utiliserez et lors du post-traitement. La combinaison de ces trois « règles » est la clé pour réussir des photos magiques.
Au sujet de l’auteur
Adrian Murray est un photographe portraitiste. Vous pouvez découvrir son travail sur sa page Instagram.
crédit photo : Adrian Murray
3 Responses
Un bon article qui survole l’essentiel. Mais qui reste orienté grand public.
Un amateur très averti qui recherche « les petits trucs qui font la différence » restera sur sa faim.
Bien belles photos… il va falloir que je teste aussi la photo de bambins, mais il faut d’abort que j’en trouve ^^
De très bon conseils.