Cropping, Line Skipping, Pixel Binning, Down Sampling, BitRate… Il est temps de démystifier tous ces termes barbares pour vous aider à bien choisir votre hybride vidéo ! Avoir un joli logo 4K sur l’emballage ne vous garantit pas une excellente qualité vidéo, bien au contraire. Ça ne reflète pas du tout les performances vidéos du boîtier.
Si vous êtes perdu quand vous lisez les caractéristiques vidéo, c’est normal ! Il y a un tas de données à connaître pour savoir quel sera l’impact sur le rendu de la vidéo. Certains hybrides sont plutôt orientés photo et doivent faire des compromis en vidéo, alors que d’autres boîtiers misent tout sur la vidéo mais se limitent à un capteur de 12 Mpx. Comment choisir ? Qu’est-ce qui est vraiment important en vidéo ? Je vous explique tout !
👉 Quelques articles complémentaires pour être au point sur la vidéo :
- Pourquoi la qualité de la 4K varie ?
- 4:2:0, 4:2:2 8 bits, 10 bits : quel impact sur la qualité vidéo ?
- Différence entre un objectif photo et vidéo
- Taille des fichiers vidéos : H.264 et H.265, Long Gop, All Intra
Les différentes façons de produire de la 4K
Toutes les technologies de 4K ne se valent pas ! Certaines vont faire surchauffer l’appareil, d’autres vont produire des artefacts… Je vous fais un petit récap’.
Le cropping, la mauvaise idée
La pire des méthodes, c’est bien celle-ci ! Avec le cropping, il n’y a qu’une petite portion du capteur qui sert à lire les informations. Si vous filmez avec un objectif grand-angle, vous vous retrouvez d’un coup avec un gros zoom. Résultat ?
👉 Le bruit est plus marqué ;
👉 Les artefacts sont bien visibles (Moiré, Aliasing, Ringing, Banding…).
Cette méthode de 4K est celle qui donne la 4K de moins bonne qualité.
💡 Pour info : avant le Canon R5 et R6, Canon était connu pour ses crops indécents de 1,85, c’était énorme !
Le Line Skipping sur les appareils de 45 Mpx
La plupart des appareils avec des capteurs ultra haute résolution (entre 45 et 61 Mpx) utilisent cette méthode de 4K. Je pense aux Nikon Z7, au Panasonic Lumix S1R ou au Sony A7R IV.
Pour faire de la 4K, il faut seulement 12 Mpx. Si vous en avez plus, il va falloir les réduire pour arriver à 12 Mpx et filmer en 4K. Les constructeurs utilisent donc la méthode du Line Skipping qui consiste à lire une ligne sur deux du capteur. C’est schématique bien sûr, mais vous avez compris l’idée !
Les inconvénients de cette méthode ?
- l’image est moins détaillée,
- les artefacts sont plus présents.
En plus, ces appareils photos suppriment souvent le filtre AA (Anti-Aliasing) pour optimiser le piqué. Le problème, c’est que les artefacts seront moins bien gérés en vidéo.
Cette méthode n’est donc pas idéale, mais les constructeurs n’ont pas vraiment d’autres choix sur des appareils de 45 Mpx ou 61 Mpx.
Le Pixel Binning, une méthode qui fait surchauffer l’appareil
Moins pire que les deux autres, cette méthode consiste à combiner les pixels. C’est plus avantageux au niveau de la gestion du bruit et des artefacts, mais ça ne fait pas des miracles non plus ! Et surtout, le CPU est tellement mis à contribution que l’appareil va surchauffer.
L’OverSampling/DownSampling, la meilleure qualité de 4K
Pour avoir la qualité de 4K ultime, il faut se tourner vers des appareils utilisant les technologies OverSampling ou DownSampling.
Le principe ? Prendre une résolution plus grande et la ramener en 4K. Par exemple, le Sony A7 III possède un capteur de 24 Mpx qui fait de la 6K retransmise en 4K. Tous les détails sont préservés et on arrive à l’une des meilleures résolutions.
Encore une fois, comme le CPU va être beaucoup sollicité, l’appareil va surchauffer. Le Canon R5 utilise cette technologie-là. Il est donc capable de faire de la 8K avec son capteur de 45 Mpx (retransmise en 4K HQ).
L’avantage, c’est que vous profitez de la meilleure qualité de 4K (personne ne fait mieux sur le marché actuellement). Mais… Ça dure juste 20 minutes ! Au bout de 20-25 minutes, votre appareil surchauffe et il faut quasiment attendre 2h avant de pouvoir filmer à nouveau.
Il existe bien évidemment des méthodes pour réduire la surchauffe du Canon R5, mais sachez que vous n’aurez jamais une qualité optimale pendant très longtemps.
En bref, il y a toujours des compromis à faire. À vous de choisir si vous mettez la priorité sur le mode photo ou sur le mode vidéo !
Pourquoi le Sony A7S III est-il le meilleur hybride vidéo ?
Parce qu’il n’utilise aucune des méthodes de 4K qu’on vient de voir ! Pas de cropping, de Pixel Binning, de Line Skipping ni d’OverSampling… Le Sony A7S III propose le choix le plus malin : un capteur de 12 Mpx, pile ce qu’il faut pour de la 4K. Tant pis pour le mode photo, l’accent est mis uniquement sur la partie vidéo. Ce choix va énormément simplifier les calculs puisque l’appareil n’a pas besoin de passer de la 8K à la 4K.
1 pixel sur le capteur = 1 pixel sur la vidéo
Résultat ? La qualité est excellente (même en 120 FPS), il n’y a pas de limite de temps d’enregistrement, pas de surchauffe… Le Sony A7S III est aujourd’hui le meilleur appareil photo full frame en vidéo.
Si vous comparez la qualité d’image à 120 FPS et 30 FPS, elle est quasiment identique. Et je peux vous garantir que c’est rarement le cas sur les autres appareils photo vidéo !
L’importance du BitRate dans la qualité vidéo
Pour juger de la qualité d’une vidéo, il n’y a pas que la 4K qui compte. Le nombre d’images a son importance !
À la base, la 4K équivaut à 25 i/s ou 30 i/s. Mais on aime aussi filmer en 60 i/s, 120 i/s voire 240 i/s. Et c’est là que le BitRate rentre en jeu.
BitRate = taux de compression de l’image
Si vous faites du 240 i/s, dites-vous bien que vous prenez 240 photos en une seule seconde. Ces 240 photos, il faut pouvoir les écrire sur la carte SD.
Pour résoudre ce problème d’écriture sur la carte SD, les constructeurs ont tendance à diminuer le BiteRate, et donc la qualité.
Voici le BitRate du Fujifilm X-T4 selon le nombre d’image par seconde.
Nombre d’images par seconde | BitRate |
25 i/s | 400Mbps |
60 i/s | 200Mbps |
120 i/s | 40Mbps |
Plus vous voulez filmez au ralenti pour avoir un rendu cinématographique, plus la qualité de la vidéo diminue.
C’est pour ça qu’il est important de regarder le BitRate dans sa totalité, et pas uniquement le taux d’image standard. Tous les appareils ne savent pas maintenir la même qualité lorsque le nombre d’images par seconde augmente.
Le A7S III, il sait faire ! 💪 J’étais impressionné par la qualité d’image sur des vidéos au ralenti, c’est la première fois que je vois ça sur un appareil photo.
Les autres paramètres importants pour bien choisir sa caméra vidéo
On a parlé du BitRate et des méthodes de lecture de 4K, mais il y a encore plein d’autres paramètres à prendre en compte pour trouver le meilleur hybride vidéo. Les voici :
- Codec : c’est ce qui permet d’encoder et de décoder la donnée pendant le traitement des fichiers sur l’ordinateur. Tous les codecs ne se valent pas, certains sont plus optimisés. Par exemple, le codec Canon demande un peu plus de puissance que les autres.
- Échantillonnage : 4:2:0, 4:2:2, profondeur de couleurs, 8 bits, 10 bits, RAW 16 bits… Tous les appareils ne proposent pas les mêmes performances.
- Log : la plupart des caméras vidéos font du Log, mais le Log est plus ou moins manipulable selon les caméras.
- Écran sur rotule : très important si vous voulez voir ce que vous filmez sans devoir brancher un moniteur externe (et perdre le viseur au passage).
- Type de ports : pensez à vérifier que ça convient à votre utilisation et à votre matériel !
Bref, vous avez compris qu’il ne suffit pas de regarder le logo 4K pour trouver le meilleur appareil photo vidéo 4K ! Et pour l’instant, c’est le Sony A7S III qui remporte la médaille. 🏆
Avec cet appareil, Sony a choisi de tout miser sur la partie vidéo pour ne faire aucun compromis. Alors certes, ça brille moins sur le papier qu’un beau logo 8K… Et pourtant, tous les paramètres qu’ils ont choisis offrent la meilleure qualité possible.